Nous sommes aujourd’hui le 25 novembre, date qui formalise l’internationalité de la lutte pour l’élimination des violences faites aux femmes.
Cette journée a été votée par l’ONU le 17 décembre 1999 en mémoire de l’assassinat des sœurs Patria, Minerva et María Tereza Mirabal commandité par le dictateur dominicain Trujillo.
Les faits débutent à la fin des années 40. Le dictateur Trujillo n’avait pas supporté d’être rejeté par Minerva Mirabal dont il était obsédé au point de harceler la principale intéressée ainsi que toute sa famille et des membres de son entourage.
Elle a été enlevée et séquestrée durant plusieurs semaines en compagnie de plusieurs amies à elles (Enma Rodríguez, Violeta Martínez et Brunilda Soñé) afin de leur faire avouer leurs liens avec les militants socialistes opposés au dictateur.
Le père de la famille Mirabal, Enrique, est quant à lui décédé à force de tortures.
Ces événements ainsi que d’une manière plus générale la dureté du pouvoir ont forgé la conscience militante de Minerva Mirabal qui est par la suite devenue une héroïne de la lutte contre Trujillo.
En représailles, celui-ci fit assassiner 3 des sœurs Mirabal le 25 novembre 1960 ce qui explique le choix de la date par l’ONU.
La sœur survivante, Belgica Adela Mirabal, est décédée en 2014 après une longue vie de luttes.
Une fois ce contexte historique posé, il est important de faire un constat de la situation actuelle.
Partout dans le monde les femmes sont victimes de violences en raison de leur genre.
Elles sont discriminées parce qu’elles sont femmes, battues parce qu’elles sont femmes, violées parce qu’elles sont femmes, assassinées parce qu’elles sont femmes (l’assassinat des femmes en raison de leur genre est appelé fémicide ou féminicide).
En tant que militante afroféministe, je suis tout particulièrement sensible aux violences que subissent les femmes noires.
A ce sujet, je vous invite à visionner le replay de l’émission Investigations « Violences faites aux femmes » diffusée mercredi dernier sur France O. Ce reportage fait un focus sur le parcours judiciaire de femmes victimes de violences conjugales en Guadeloupe.
C’est à ce titre que j’ai assisté le 12 novembre dernier à une marche blanche très émouvante en la mémoire d’Aïssatou Sow décédée le 30 octobre 2016 après 6 semaines de coma.

Son ancien compagnon, ne supportant pas la rupture, l’avait tabassée avant de la laisser pour morte dans un couloir d’immeuble.
La famille d’Aïssatou, à l’initiative du collectif « Plus jamais ça », a souhaité dénoncer ce qu’elle a vécu mais aussi plus largement les violences faites aux femmes ainsi que les violences dans les quartiers.
Et c’est dans une redoutable efficacité que l’entourage de cette femme a organisé cette marche qui se déroulait à Valenton (94). J’ai une immense admiration pour ce qu’ils ont accompli dans un délai aussi court et dans des circonstances difficiles.
La marche a fédéré des dizaines de personnes, peut être 300 je pense ? Parmi les marcheuses et les marcheurs on a retrouvé des la famille, les amis, des anonymes, des associations, des activistes, des politiques… Des adultes et des enfants.
Je ne vous cacherai pas que c’était très dur. J’ai longtemps eu la gorge nouée au point d’être totalement incapable de crier le moindre slogan.
Trop de tristesse et de colère de voir une vie volée, tant de vies volées.
Mais plus que ces émotions je préfère retenir ce magnifique élan de solidarité, les cris « plus jamais ça », les témoignages d’amour et la force de cette famille.
A la fin du rassemblement, des personnes et des collectifs ont pu prendre la parole et ainsi exprimer leur colère face aux violences sexistes.
Je retiens cet événement comme un appel à la sororité, à l’entraide, à l’écoute. Il y a très souvent des signes quand une femme est la cible de violences conjugales. Sait-on les déceler ? Les écouter ?
A-t-elle changé d’attitude, est-elle devenue agressive ou au contraire triste ?
A-t-elle des marques de blessures ? S’isole-t-elle ?
Autant de signes qui devraient nous conduire, non à lui faire subir un interrogatoire car ce n’est pas l’objectif, mais à lui faire savoir que l’on est là pour elle.
Nous ne sommes pas toutes des professionnelles ou des expertes dans l’accompagnement des victimes. En plus des associations de terrain qui connaissent parfaitement le sujet (vous pouvez vous rapprocher de la mairie pour obtenir la liste), une plateforme téléphonique nationale existe. Il s’agit du 3919.
Toute victime ou personne proche d’une victime peut les contacter afin d’obtenir une écoute et des informations sur les moyens d’action.
Aucune communauté, aucune classe sociale ne sont épargnées par les violences faites aux femmes.
Cela n’arrive pas qu’aux autres, il est important d’être sensibilisée sur le sujet car cela permettra peut-être de réagir plus vite si cela nous arrive ou d’aider efficacement sa voisine, sa collègue ou sa sœur.
En France les chiffres des violences faites aux femmes sont terrifiants :
- 1 femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon ou son ex compagnon
- 1 enfant meurt tous les 11 jours dans le cadre de violences conjugales
- 1 femme est violée toutes les 7 minutes
- Plus de 500 agressions sexuelles sont commises chaque jour
Pour que cela cesse, chacun-e doit agir en ce sens.
De nombreuses manifestations sont proposées à l’occasion de cette journée.
J’en ai répertoriées certaines dans l’agenda Parlons des Femmes Noires.
Vous trouverez sous le hashtag #violencesfaitesauxfemmes de nombreux tweets dont des articles que j’ai sélectionnés depuis le compte @PDFemmesNoires
Relayez ces informations, partagez-en d’autres. Dénoncez ce que vivent les femmes.
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